HISTORIQUE
ATELIER T.F. :
Caroline
et Tristan FOURNIER
Déjà
enfant, Tristan assemblait et collectionnait les maquettes
du commerce et lorsqu'il ne trouvait pas le modèle
souhaité, il le réalisait lui-même.
Il eut ensuite un début de vie professionnelle
"raisonnable" en exerçant le métier
de prothésiste dentaire pendant une vingtaine d'années.
Caroline,
passionnée de mécanique et de belles carrosseries,
blacksonnait la 403 familiale dès l'âge de
10 ans… Devenue institutrice par sagesse , la passion de
l'auto restait omniprésente.
En
1984 ils se rencontrent au détour d'un circuit automobile,
abandonnent leurs activités respectives et très
vite mettent en commun leurs vies et leur passion. Ainsi
est né l' Atelier Fournier, maquettisme
automobile à l'échelle 1/8 ième . Ils
fabriquent sur commande des maquettes qualifiées
d'orfèvrerie, très détaillées,
très mécaniques et surtout entièrement
réalisées à la main. Le souci d'authenticité,
la qualité des matériaux et les finitions
exceptionnelles enthousiasment très vite des amateurs
d'art comme Hervé
Photo:
Simon-Pierre
TOURETTE-FOURNIER
Ogliastro-Vuitton,
Pierre Bardinon ou Alain Prost… Déjà sortent
des Bugatti Brescia, T.19 Indianapolis, T.22, T.18 Roland
Garros, T.37, une RR Légalimit 1906. «
Nous avons choisi une assez grosse échelle :
le 1/8 ième , qui permet de reproduire beaucoup de
détails et de faire fonctionner des mécanismes.
Si l'on s'en tient au 1/20 ième ou au 1/43 ième
, on donne une allure d'ensemble à la maquette sans
retrouver les détails qui plaisent à nos collectionneurs.
Maintenant, la question classique et flatteuse que l'on
nous pose (la dernière fois, Jean Todt à Charade
devant notre F40…) est de savoir si le moteur fonctionne !
Au
1/8 ième c'est malheureusement impossible car les
matériaux ne seraient pas assez résistants ;
nousessayons de faire fonctionner sur le modèle ce
que le client peut manipuler. On nous a très vite
demandé des Ferrari ; d'abord une 308 GTB puis
une Daytona du NART ». Le propriétaire
de ce modèle mythique au palmarès impressionnant
laisse volontiers sa voiture aux mains des deux artistes
qui, comme ils le feront pour chaque modèle par la
suite, relèvent les côtes et multiplient les
photos pour transcrire au 8 ième .
Une
fois les pièces détachées réalisées,
C. et T. peuvent débuter le montage sur le marbre.
Lorsque tout est ajusté, l'ensemble est à
nouveau démonté pour être chromé,
sablé, peint ou poli… Les verrous du capot sont montés
sur ressort, le carter moteur est fraisé dans un
bloc d'aluminium ; la solidité est garantie
car le châssis tubulaire en laiton est brasé
à l'argent. Comme la colonne de direction est reliée
à un boîtier, le volant permet de braquer les
roues. Coté finitions, cette maquette est étonnante :
les suspensions sont montées sur silentblocs, les
sièges recouverts de peau d'agneau et équipés
de harnais… «Nous avons construit 5 exemplaires de
la Daytona Racing et une de route ; cette dernière
témoigne de notre progression puisque très
sophistiquée : à gauche du dossier conducteur,
une manette déverrouille le coffre AR et une autre
actionne la trappe à essence munie d'un ressort,
les phares escamotables sont commandés depuis le
tableau de bord, les essuie-glace s'écartent sur
le pare-brise vers l'extérieur…etc ».
Exposée
à l'Hôtel Byblos de Courchevel, la première
Daytona avait retenu l'attention d'Alain Prost, autres
stars et grands collectionneurs ; quatre d'entre
eux en commandèrent un exemplaire et patientèrent
de nombreux mois avant de recevoir leur œuvre d'art
numéroté
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Nouveau
challenge avec la F40
Le couple s ‘enthousiasme pour la F40 apparue
en 1988. « La F40 est très sophistiquée,
tout est visible. p our sortir ce nouveau modèle,
un an de travail sera nécessaire. La principale
difficulté résidait dans la coque :
fallait-il la reproduire en tôle de laiton martelée
comme nous avions l'habitude de traiter nos carrosseries ? »
La réponse, ils la trouveront grâce aux
judicieux conseils d'Alain Prost et de Jean Rédélé :
« Vous êtes trop près de la
vérité, il faut la faire comme la vraie ! »
Pari tenu ; ils optent pour les matériaux
composites, solution la plus compliquée puisqu'il
faut trouver les trames de carbone kevlar (2 tissages
différents) et réaliser le moule (17
éléments pour sortir une carrosserie).
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Le
concessionnaire local, Philippe Gardette, met 2 voitures
à la disposition des artistes qui dessinent, photographient,
cotent, sculptent ; puis viennent usinage, fraisage,
tournage, taraudage, filetage etc…
Toutes
les pièces constituant ce petit bolide sont maintenant
réalisées ; reste à le chausser.
Proximité oblige, les deux équipiers choisissent
de reproduire les MXX que MICHELIN a étudié
spécialement pour lui : « MICHELIN,
enthousiasmé par l'aventure, nous a aussitôt
fourni plans et conseils ».
Après quatre mois d'efforts : usinage des
masters en bronze, fraisage de la bande de roulement puis
moulages, ils obtiennent les pneumatiques au 1/8 ième
.
Avec
ses divers mécanismes (phares escamotables depuis
le tableau de bord, un câble actionne la gâche
d'ouverture de portières, vitres coulissantes en
lexan, custode arrière en plexiglas thermoformé,
etc) la voiture crée l'événement et
l'audace des deux artistes est saluée dans le microcosme.
« Ici, pas de travail en série !
Pour refaire un modèle identique, nous recommençons
le travail et passons à nouveau environ un an ».
Sis exemplaires numérotés de la F40 sont
sortis des ateliers durant les années 90. L'un d'eux,
jaune puisque réalisé pour le ² FF40
² de Bruxelles (FERRARI Belgique 40 ième anniversaire,
septembre 92) et basé en Auvergne, fut exposé
et soumis à l'admiration du public dans de nombreux
pays : New-York
(Galerie
'art et l'automobile de Jacques Vaucher), Madrid (Retromovil
), Barcelone (Auto Retro Barcelona), Valencia (Motor Epoca
), Turin ( Automotoretro dans l'ancienne usine FIAT), Stuttgart
et Bopfingen, Genève (Salon de l'auto) et bien sûr
Paris et de nombreuses villes françaises…
Une
anecdote qui émeut encore Caroline et Tristan remonte
en janvier 1994 : Tristan, amoureux des belles maquettes
depuis sa jeunesse, avait une admiration toute particulière
pour Manuel Olivé Sens (maître mondial en la
matière) et conservait tous les documents retraçant
sa carrière « Un vrai press-book d'attaché !
Quelle émotion le jour où ce dernier a exprimé
le désir de nous rencontrer ! Il nous a fait
le cadeau de venir avec sa dernière réalisation :
une ASTON MARTIN DB3S au 1/10 ième ( une merveille
à l'état pur !), avant d'aller la livrer
à Peter Livanos aux Etats Unis ; nous lui avons
fait le nôtre en lui offrant tous nos plans, photos
et documents sur la F40 qu'il avait en commande. Malheureusement
son œuvre devait rester inachevée, Manuel nous quittant
l'année qui suivait ».
Il
ne fallait pas abandonner les bugattistes ! Etaient
en attente le T32 (Grand Prix de Tours 1923) et le
T57 G (Le Mans 1937) tous deux dits " Tanks" .
« Pour réaliser le T32, nous sommes allés
au Musée de Mulhouse où se trouve le seul
exemplaire authentique survivant. Nous avons dû déposer
la carrosserie complète afin d'accéder aux
organes mécaniques et châssis puisque aucun
plan ne subsiste. Après une semaine de croquis, mesures
et photos, instruits par notre regretté Maître,
nous nous sommes lancés dans la création d'une
maquette très mécanique où l'accélérateur
actionne la tringlerie des carburateurs, le frein à
main serre les mâchoires dans les tambours arrières,
le levier de vitesse permet de sentir les crans de chaque
rapport, etc… ». La 57G bénéficiera
du même genre de mécanismes fonctionnels ;
à signaler en plus le réglage de l'avance
à l'allumage depuis un levier au tableau de bord
qui commande, par renvoi de tringleries et rotules, la rotation
de la magnéto ! Des photos d'époque fournies
gracieusement par la petite fille du pilote victorieux Robert
BENOIST ont permis de reproduire le pare-brise rabattable
imposé par la réglementation en vigueur à
cette époque pour les voitures 2 places disputant
les 24 heurs du Mans.
Dernier
défi : l'AUTO-UNION Type C
Le
dernier chantier entrepris par Caroline et Tristan est une
AUTO-UNION T.C de 1936 pilotée par Bernd ROSEMAYER .
Comme pour la plupart des voitures de course historiques
il n'existe plus aucun plan et la vraie se trouve
précieusement conservée au cœur de la collection
AUDI.
C.
et T. se rendent à Ingolstadt au Musée AUDI
et cohabitent durant une semaine avec Le monstre à
l'échelle
Elle est propulsée par un moteur 16 cylindres en
V placé en position centrale arrière. « Cette
voiture conçue par Ferdinand Porsche est d'une extrême
complexité à reproduire à la main,
car non seulement les techniques utilisées étaient
très élaborées (suspensions par barres
de torsion insérées dans les tubes du châssis,
roues AV articulées sur doubles sphères et
bras longitudinaux etc…) mais la plupart des pièces
détachées étaient réalisées
en fonderie comme on le fait sur les voitures de grande
série ; c'est le plus difficile à réaliser
à la main ».
Plus de 2000 heures de travail auront été
nécessaires pour réaliser cette pièce
unique, futur objet de divers concours d'Art.
Des
artistes à part entière
«
Si l'on se contente de réduire mathématiquement
les côtes de la voiture à l'échelle
1/8 ième , la maquette paraît fausse. Là
où l'œil voit les courbes à l'échelle
1, il relève des différences au 1/8 ième
. Des détails paraissent trop petits et d'autres
trop gros. Nous sommes obligés d'interpréter
les proportions et de tricher pour que la maquette reste
harmonieuse. C'est ce qui nous a rapprochés du concept
de la sculpture ».
De
la maquette à la sculpture en dinanderie
« A
chaque fois que nous exposions des maquettes en cours de
fabrication dont les carrosseries n'étaient pas encore
peintes, tout le monde s'émerveillait de ce travail
de dinanderie (martelage et mise en forme des tôles
de cuivre ou laiton). Pourquoi les peignez-vous ? Quel
dommage de cacher ce beau travail ? est ce que nous
entendions couramment ». Caroline et
Tristan décident alors d'appliquer cet art du métal
martelé à l'automobile en évoquant
chaque modèle de voiture par sa silhouette en volume ;
quelques détails caractéristiques choisis
permettent de reconnaître le modèle. C'est
un maître en la matière de la région,
Meilleur Ouvrier de France en dinanderie qui leur a permis
de peaufiner leur technique en les initiant à l'art
du rétreint, du recuit, du repoussage et du planage ;
lui aussi qui leur a appris l'existence de ces outils magiques
que sont le rognon, la bigorne, la tête de serpent,
la salière, le triboulet et autre batte ...
C. et T. sont installés dans une ancienne ferme à
20 Km de Clermont-Ferrand et l'étable sert maintenant
d'atelier de chaudronnerie ; c'est là que l'on
trouve la forge de recuit du métal et où se
préparent les cuissons des patines…
La dinanderie fait partie des savoir-faire traditionnels
de l'Auvergne ; ne cherche-t-on pas avec espoir à
dénicher dans les brocantes la fontaine, la bassinoire
ou le confiturier martelés à la main ?
C'est
lors de la visite de Jean TODT à
Clermont-Ferrand dans le cadre de la SATCAR (Semaine
des Arts Techniques et Cultures de l'Automobile et de
la Route), que le patron de la Scuderia, auvergnat d'origine,
se voyait offrir avec émotion une Daytona en
dinanderie surgissant de la pierre de Volvic, créée
par nos deux artistes…histoire d'emporter un peu du
pays… |
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Déjà
deux de leurs réalisations, une Rolls et une Daytona
construites il y a une quinzaine d'années ont doublé
leur prix au cours de ventes aux enchères…
Simon-Pierre TOURETTE-FOURNIER tombé
très jeune dans la marmite de l'automobile et passionné
d'audiovisuel réalise des photos d'art.
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